Le jour de la lune par la compagnie Papaq
De la scène au CD, il y a un monde. Ce n’est pas parce qu’un spectacle musical est réussi que l’enregistrement qui lui correspond l’est aussi. Et vice versa. Les « Papaq » s’en sont vraiment bien tirés. Le spectacle était excellent – c’était en 2002, trop tard donc pour aller le voir – , le CD est très bon aussi.
L’argument est simple : Mirabelle et P’tit Louis sont en vacances. À chaque jour d’une semaine bien chargée correspond une chanson. Le disque égraine la semaine : une courte plage dialoguée (valse du lundi, du mardi, du mercredi, etc.) met en scène une petite péripétie qui conduit à la chanson du jour. Voyons ça.
Chanson des poubelles : Avant de faire des spectacles pour enfants, Papaq était un groupe de percussion. Sur ce CD et cette chanson en particulier, il en reste nettement quelque chose. Ça se passe dans une décharge, les objets usagés s’amusent comme des fous et nous aussi en entendant cette chanson un peu folle rythmée par un étonnant bric-à-brac musical : laitière, bouilloire, lessiveuse…
Leçon de natation : Chantée a cappella (sans instrument) la « leçon de natation » nous parle d’un drôle d’oiseau ou plutôt non, d’un drôle de poisson qui a peur de l’eau et refuse d’apprendre à nager.
Le ptérodactyle : À quoi ça sert, est-ce que c’est beau, est-ce que c’est chaud, est-ce que ça se conserve au frigo, est-ce qu’un eskimo peut l’emporter dans son traîneau ? Autant de questions qui resteront sans réponse au terme de cette chanson loufoque à souhait.
Va à la chasse : Pour aller à la chasse, il ne faut pas sentir bon, donc ne pas se laver. Un hymne pour tous les réfractaires de la salle de bain. Pas facile toutefois d’entonner le refrain : « un chasseur un vrai, un chasseur sachant chasser… »
Jardin secret : Très belle chanson, douce et pleine de poésie. Et qui aurait pu deviner le bel accompagnement musical que l’on peut obtenir en tapant sur… des pots de fleurs ?
Dis la petite souris : « … quand elle perd une dent qui s’occupe d’elle ? » Voilà la question à laquelle Mirabelle et P’tit Louis vont chercher une réponse. C’est une chanson à récapitulation qui accélère sans cesse. On y croise un souriceau, un lutin, une sorcière, les cloches de Pâques, une bonne fée et même le père Noël qui, peut-être, a la réponse.
Manchedi : Le jour où tout est à l’envers, où tout va de travers. Après avoir décrit un peu cette journée pas banale (les enfants grondent leurs parents, les policiers pourchassent les gens pour les embrasser… ), la semaine écoulée est repassée à l’envers : un petit extrait des 6 chansons précédentes est inclu dans la chanson. Un final acrobatique donc, original et très réussi.
Le livret donne toutes les paroles. Les éléments de la chouette illustration de couverture, disséminés à travers les pages, animent, avec des photos du spectacle (chouettes aussi), une élégante mise en page. Et, ça j’adore, pour chaque chanson les instruments utilisés sont précisés. Il y en a de trois sortes. Ceux que tout le monde connait : tambours (de toutes sortes), accordéon, flûte, maracas. Des plus rares : kess-kess, cuatro, clochettes japonaise, contrebassine à tendeur. Et d’autres, plus inattendus : bouilloire, lessiveuse, grille à frigo, pot de fleurs.
Je me suis principalement penché sur les chansons, mais les plages de transition sont également très bien faites. D’ailleurs, à ce propos, je ne saurais trop vous recommander « Le roi Coléoptère » un conte musical de la compagnie Papaq. C’était juste avant « Le jour de Lune ». Le spectacle était excellent (trop tard aussi) et le CD est un petit bijou d’intelligence et de fantaisie.
Pour finir, sachez que deux des quatre musiciens du disque (Annette Banneville et Denis Monjanel) ont réalisé ensemble deux autres CD de chansons pour enfants : « Monsieur Filoche » et « Sans mes chaussettes : peurs d’enfance ».