PETITE COLLECTION DE CURIOSITÉS : 3 CD

Aujourd’hui notre collection accueille trois nouveaux titres :

– Une page d’histoire avec la judicieuse réédition du « Serpent à sornettes », un enregistrement de 1978 qui a fait date.
– Un trésor patrimonial avec « Pachiqueli ven de nuech », un CD de chansons provençales.
– Une surprise helvète : « Mélodies en couleur » : des chansons d’Emile Jaques-Dalcroze

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Le serpent à sornettes
Edition musicales Lugdivine 2012

Les amateurs de chansons traditionnelles connaissent peut être les noms d’Evelyne Girardon et de Jacques Mayoud – qui a chanté entre autre avec le groupe Mélusine. Les aficionados de chansons Françaises reconnaîtront eux le nom de Michèle Bernard. Et chacun connaît Steve Waring qui a tant fait pour la chanson pour enfants.

Sous la houlette de Renée Mayoud, ils sont tous impliqués, avec quelques autres, dans la réalisation de cet album, à présent patrimonial, « Le serpent à sornettes ». La couleur musicale est très typique du folk des années 70 qui, souvenez-vous, n’avait pas peur des mélanges : tradition des régions de France et musiques nord américaine en particulier. Les enfants, présents sur presque toutes les chansons et auteurs de certains textes, chantent plutôt bien, avec un enthousiasme communicatif. 35 ans après sa sortie (à l’époque, c’était K7 et vinyle bien sûr) l’album peut sonner un peu daté pour les adultes mais pour les enfants, 1978 ou 2014 qu’importe si la chanson fait mouche. Créations originales ou traditionnels adaptés, la plupart des titres ne demandent qu’à être repris en chœur.

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Pachiqueli ven de nuech
Comptines et chansons provençales
Jan-Maria Carlotti
Silex 1993

Les maîtres itinérants de langues et cultures régionales du sud-est de la France ont demandé à Jean-Marie Carlotti de mettre en musique les comptines et d’enregistrer les chansons qu’ils ont choisies pour qu’au-delà de leurs préoccupations pédagogiques, le provençal soit une expression vivante d’aujourd’hui, et passe à travers le plaisir de l’écoute. Pari réussi. En 15 titres, l’excellent chanteur et non moins brillant guitariste Jan-Maria Carlotti revisite la tradition provençale. Il adapte, il arrange, il compose aussi des textes et des musiques nouvelles. L’ensemble est à priori composite : certains chants remontent probablement au moyen-âge, d’autres sont des compositions récentes; il y a des berceuses, des comptines, des chants de Noël ou de carnaval. Mais le disque est au final très homogène. La langues – pour qui ne la pratique pas – y est pour beaucoup ainsi que le style musical et le timbre de la voix du chanteur. Beaucoup d’instruments, cordes, vents et percussions, dont une bonne partie typiques de la culture provençale, accompagnent les belles polyphonies de Jan-Maria Carlotti. Certaines chansons sont chantées a cappella, en particulier une excellente version de « Jean petit qui danse » assez différente de celles que l’on entend le plus souvent.
20 ans après sa sortie, le CD est encore disponible. Rien d’étonnant, c’est un trésor que, provençal ou pas, on écoute toujours avec plaisir. Cette musique là, ne se démode jamais, ses racines sont profondes et le talent de ses interprètes lui assure belle vitalité.
Le livret est très complet et sa très belle couverture nous fait regretter qu’il n’y ai que peu d’illustration pour accompagner les paroles des chansons – qui, fort opportunément, sont traduites en français. A lire en particulier le texte final qui explique bien la philosophie de ce beau projet.

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Mélodies en couleur
La joie de lire 1991

Avez-vous déjà entendu parler d’Emile Jaques-Dalcroze (1865 – 1950) ? Compositeur et homme de théâtre suisse, il met au point vers 1900 un système d’éducation globale de la personne au moyen de la musique et du mouvement : « la rythmique ».
Ce beau livre CD propose 25 chansons de ses chansons interprétées par les Pueri de Genève, un chœur d’enfant qui chante à une ou deux voix (parfois avec quelques passages solos ou à trois voix) accompagné au piano.
Les textes sembleront bien désuets aux oreilles du vingt et unième siècle, les mélodies, quant à elles, sont de facture « classique » et pas du tout faciles à chanter. Ca ne se reprend pas en chœur comme « Jean petit qui danse ». C’est un répertoire exigeant pour ses interprètes.
Disons le d’emblée, à la première écoute ça peut paraître « gnangnan » voir « cul-cul », petits chanteurs à la croix de bois etc. Une musique pour conservatoire poussiéreux (pléonasme ?). Mais si l’on ne s’en tient pas à cette première impression et que l’on oublie un peu nos préjugés, un charme opère progressivement. Les mélodies sont souvent magnifiques, l’interprétation d’une étonnante fraîcheur et très précise à la fois. L’accompagnement du piano enfin, écrit par Dalcroze lui-même, est d’une élégante sobriété. L’ensemble, très homogène, fait naître – en tout cas chez moi – une émotion douce, et ces chansons d’un autre temps bientôt, nous semblent familières.

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Le livre lui-même est passionnant. Il est illustré avec une très belle sélection d’œuvres de peintres Suisses mises en regard de chaque chanson (texte et partition). Si FélixVallotton ou Paul Klee sont bien connus au delà des frontières helvètes, c’est ici l’occasion de découvrir d’autres artistes comme Italo Valenti peintre du rêve ou Niklaus Stoecklin si proche de l’univers de l’enfance.
Ce cd-livre est encore disponible et toutes les bonnes bibliothèques en possèdent un exemplaire. Alors si vous êtes curieux, offrez-vous ce petit détour par la Suisse et les années 1900, qui sait quelles émotions vous attendent là-bas ?